La Haddadiyyah

Trois fondements de la Ḥaddādiyyah 1

Shaykh Muḥammad Bāzmūl

Question : Qu’Allāh soit bienfaisant envers vous un questionneur demande : “Est-ce que la Haddādiyyah a innové un fondement qui les sépare des gens de la Sunnah ?”

Réponse : Oui ! la Ḥaddādiyyah a innové un fondement par lequel ils ont revivifié une innovation ancienne, l’innovation du Takfīr 2. La Ḥaddādiyyah possède trois fondements extrêmement dangereux :

Premier fondement :

Ils ne prennent pas en considération, en ce qui concerne les gens de l’innovation et des passions, l’établissement de la preuve avec le respect des conditions et l’absence d’empêchements (qui rendent la personne innovatrice). Ils sortent de la Sunnah ou de la religion toute personne tombée dans une innovation. Au point où certains d’entre eux ont demandé de brûler le livre Fath al-Bārī 3 et de brûler le livre Sharh Al Nawawī 4, le commentaire de Sahīh Muslim. Il m’a même été rapporté que certains d’entre eux ont dit : “Même Majmu’ al-Fatāwa d’Ibn Taymiyyah mérite d’être brûlé”.

Ils ont contredit Ahl Al Sunnah – les gens de la Sunnah – par ce fondement. Voici le premier point. Ils ne prennent pas en considération Iqāmat Al hujjah, l’établissement de la preuve sur celui qui a commis une erreur ou une innovation.

Deuxième Fondement :

Ils ne font pas de distinction entre le comportement à adopter envers les savants lorsqu’ils commettent des erreurs et les gens de l’innovation et des passions dans leurs innovations et leurs passions. Ils se comportent avec les savants de la Sunnah comme avec les gens de l’innovation et des passions.

La réalité est que les gens de la Sunnah disent : “Le savant de la Sunnah n’est pas infaillible”. En effet, un grand savant de la Sunnah peut commettre une erreur. Sa Sunnah est acceptée et son erreur est rejetée. Il n’est pas exempt d’erreurs, aucun (d’entre eux) n’est infaillible.

Certes c’est une erreur mais elle provient d’un savant. Nous savons pertinemment, de part son Minhaj et sa voie, son respect profond pour la Sunnah, la voie des Salafs et son suivi des Athars. Mais le pauvre s’est trompé sur un point. S’affilier à la Sunnah et à la Salafiyyah ne signifie pas ne pas commettre d’erreurs. Qui a dit cela ? Qui a dit cela ?
Nos pieux prédécesseurs n’ont jamais dit cela !

Le Messager d’Allāh a dit : “Tous les fils d’Adam commettent des erreurs et les meilleurs d’entre eux sont ceux qui se repentent” 5

Le savant de la Sunnah, s’il se trompe, est respecté, honoré et sa place préservée. Son effort pour la Sunnah ainsi que son respect pour elle et son suivi de la Sunnah sont acceptées et son erreur est rejetée. Mais nous nous comportons d’une manière bien spécifique avec lui, nous ne nous comportons pas avec lui comme on se comporte avec les gens de l’innovation et des passions. Il y a une manière de se comporter avec eux (les gens de la Sunnah) et une autre manière de se comporter avec les autres (les gens de l’innovation et des passions).

Ce n’est pas là du deux poids deux mesures, mais c’est ce que Allāh nous a enseigné, et ce que Son Messager nous a enseigné et ce sur quoi les pieux prédécesseurs étaient dans le comportement à adopter avec l’erreur lorsqu’elle provient d’un savant ou d’un jeune de la Sunnah. Qui a dit que les jeunes de la Sunnah et de la Salafiyyah ne se trompent pas ? Non ! Ils se trompent comme les autres se trompent.

Mais l’erreur d’un jeune que nous connaissons pour son suivi de la Sunnah et son attachement à elle n’est pas comme l’erreur de celui dont nous savons qu’il suit les passions et la voie des gens de l’innovation, et qui espionne les gens de la Sunnah. Voici le deuxième fondement de la Ḥaddādiyyah par lequel ils s’opposent à Ahl Al Sunnah wal Jamā’ah.

Troisième fondement :

Le non-respect des savants, tout particulièrement les savants de la Salafiyyah. Ils les surveillent, les espionnent, les dénigrent, ils écrivent des livres sur eux et se montrent extrêmement dur envers eux.

Voici donc trois points que l’on retrouve chez la Ḥaddādiyyah. Trois points présents chez la Ḥaddādiyyah. Et c’est certes parmi les choses les plus dangereuses chez eux. Au point où ils mentent et parlent sur les gens de science et les qualifient comme étant parmi les gens de l’innovation. La chose la plus facile pour eux est de dire untel est Murji’ 6, untel possède du Irjā 7, untel est… Nous terminons cela par cette formulation.

Voici donc trois fondements extrêmement dangereux, présents chez la Ḥaddādiyyah. Ils doivent s’en rendre compte, s’en écarter, revenir et suivre la voie des Salafs as-Sālih – des pieux prédécesseurs. Je demande à Allāh de nous guider ainsi qu’eux sur le droit chemin. Na’am.

Source : Extrait d’un audio du Shaykh disponible sur la chaîne Telegram Al Rissalah
Traduit par Hichām Ibn Ahmad al-Maghribī

Notes
  1. Secte fondée par Mahmud al-Haddād, égyptien né en l’an 1374 de l’hégire.[]
  2. Acte de déclarer infidèle, apostat, un musulman.[]
  3. Fath al-Bārī bi Sharh Sahīh al-Bukhārī est l’un des plus importants commentaires du Sahīh de l’imām Al-Bukhārī, écrit par l’imām al-Hāfidh Ibn Hajar al-’Asqalānī mort en l’an 852 de l’hégire.[]
  4. L’ouvrage al-Minhāj Sharh Sahīh Muslim écrit par l’imām al-Nawawī mort en l’an 676 de l’hégire.[]
  5. Sunan Ibn Mājah, hadith n°4392. Jugé Hasan par Shaykh Al-Albānī dans Sahīh Al Jāmi’, hadith n°4515.[]
  6. Personne appartenant à la secte des Murji’ah, un groupe déviant qui estime que les actes et les actions ne font pas partie de la Foi et que la Foi n’augmente pas et ne diminue pas. Cette croyance contredit celle d’Ahl Al-Sunnah wal Jamā’ah pour qui la Foi (al-Imān) regroupe et se manifeste par la langue, le coeur et les actes et augmente avec l’obéissance et diminue avec la désobéissance.[]
  7. Al Irjā est le fait de ne pas inclure les actes et les actions dans la définition de la Foi. C’est le madhab, la méthodologie des Murji’ah.[]